Charte des KIFA (Dispensaires sociaux autogérés)
Charte des KIFA
Extrait du livre Les dispensaires autogérés grecs
p. 51-52 . . . . .
1- Les dispensaires et pharmacies solidaires (KIFA) sont des structures collectives autonomes, indépendantes, auto-organisées et autogérées qui fournissent volontairement et gratuitement des services d'assistance sanitaire primaire et des médicaments aux non-assurés, aux indigents, aux chômeurs, aux patients grecs et immigrés, sans aucune discrimination et indépendamment de leur religion, de leur nationalité, de leur orientation sexuelle, de leur sexe ou de leur âge.
Nous revendiquons également, par des actions concrètes et des activités publiques, l'accès des non-assurés aux soins secondaires et tertiaires dans les hôpitaux publics.
2- Dans les KIFA, participent ensemble, sur un pied d'égalité, chômeurs et non-assurés, bénévoles assurés, médecins, dentistes, psychologues, travailleurs sociaux, pharmaciens, et les citoyens qui appuient le fonctionnement des cliniques.
Nous luttons avec les travailleurs de la santé, pour la défense des structures publiques de santé qui ferment les unes après les autres. Notre action est guidée par le besoin des personnes et non dans un but caritatif .Notre particularité est de croire que la pratique de la solidarité crée de la cohésion sociale, de la collaboration et du respect mutuel entre les individus. Nous croyons que la santé est le plus important des biens communs.
3- Les KIFA sont des structures de lutte et de résistance qui produisent un discours et une action contribuant à la restructuration du tissus social. Ce sont des espaces ouverts, qui essaient de mettre en mouvement le plus de gens possible. Ils promeuvent la participation des bénévoles, des patients, mais aussi de la société. Ils fonctionnent comme un collectif ouvert, par une démocratie ouverte et participative sur la base de l'égalité. Toutes les décisions concernant le fonctionnement et les objectifs sont prises en assemblée générale.
4- Nous n'avons pas l'intention, ni l'illusion, de remplacer l'Etat qui se retire de ses responsabilités envers les citoyens. Nous construisons un réseau de protection sociale et en même temps nous luttons quotidiennement, démocratiquement, socialement et politiquement pour que l'Etat assume ses responsabilités. Nous ne pratiquons pas une activité philanthropique et nous ne souhaitons pas éduquer nos concitoyens à la logique de compassion et de supplication. Ce que nous voulons, c'est lutter ensemble pour nos droits à la santé publique et à l'accès gratuit à la santé.
5- Les KIFA reposent sur la solidarité et sont indépendants. Ils n'acceptent pas les dons de ceux qui promeuvent, directement ou indirectement, la destruction de la santé publique. Ils acceptent les dons mais ne font pas de publicité aux donateurs, et n'ont pas de sponsor. Ils n'autorisent pas l'intervention des partis dans leur fonctionnement.
6- Les KIFA promeuvent le networking au plan national, à partir de leurs caractéristiques et de leurs principes communs, pour coordonner leurs actions et initiatives. Ils n'interfèrent pas avec le fonctionnement des autres KIFA et respectent les règles de fonctionnement de chacun.
7- Les KIFA s'opposent à toute forme d'exclusion, nationale, économique, raciale etc., et participent aux actions qui luttent pour l'abolition de celles-ci. Ils participent aux réseaux auto-organisés de solidarité sociale et promeuvent la collaboration entre les activités qui ont comme objectif la réduction de la pauvreté et la marginalisation des groupes sociaux vulnérables. Ils fournissent une assistance légale, en collaboration avec d'autres groupes solidaires, à ceux qui en ont besoin, quand leur accès aux biens communs est mis en cause.
8- Les KIFA collaborent avec des structures solidaires d'approvisionnement (épiceries sociales, bazars de troc, commerces...) qui ont une relation directe avec les producteurs.
9- Les KIFA soutiennent les initiatives pour le développement de nouvelles structures de solidarité et cherchent le partage d'expériences.
10- Les KIFA participent aux journées sur les thématiques de la solidarité sociale et de la crise humanitaire, ou les organisent. Ils construisent un réseau pour l'information, participent aux rendez-vous d'organisations scientifiques, publient des brochures et des matériaux d'information.
(traduit du grec)
Extrait du livre Les dispensaires autogérés grecs Edition Syllepse, Paris 2016, 157 p. 8 €
par Eliane Mandine, Bruno Percebois et al.
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